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1677 neur des enfants de France, est le même qu’un Antoine de Noailles, domestique de la maison de Bouillon, dont elle a des quittances et des comptes qui prouvent la domesticité. Le petit cardinal a fait ce qu’il a pu pour n’être point poussé à l’extrémité de faire voir les titres originaux ; mais après avoir fait imprimer cet écrit que je vous envoie, il n’y a plus rien à faire qu’à les montrer au plus tôt. Vous comprenez bien la haine et l’aigreur immortelle que cette affaire répand chrétiennement dans les cœurs, et les disputes qu’elle fait dans les conversations. Il faut vous dire sur ce sujet le bon mot de Mme Cornuel : une femme de la maison de Gimel est entrée dans celle de Noailles, et fait une espèce de parenté avec les Bouillons ; Mme Cornuel dit : « Eh le moyen d’en douter ? j’avois bien cru que M. de Noailles descendoit d’une lamentation de Jérémie[1]

Voilà ce qui s’est dit de meilleur depuis qu’on nous rompt la tête de cette sotte affaire ; celle d’Angleterre est plus importante, et on en parle pourtant moins. Vous savez autant que nous, sachant que le parlement sera assemblé le 15e de janvier ; on en infère la paix,

    cesse ; depuis il fut ambassadeur en Angleterre, chambellan des enfants de France… et eut ensuite commission d’amiral sous Henri II, l’an 1547… Il ménagea, pendant son ambassade d’Angleterre, la trêve qui fut faite à Vaucelles (1556)… chassa à son retour les huguenots de la ville de Bourdeaux, dont ils s’étoient emparés, et mourut dans la même ville, le 11 mars 1562, âgé de cinquante-huit ans. » (Morêri.) Vertot a publié (1763) ses Négociations en Angleterre.

  1. 8. Jean de Noailles, troisième du nom, frère puîné de François, mais qui continua la lignée, épousa « le 4 septembre 1439, en conséquence d’une dispense du pape Eugène IV… Jeanne de Gimel, seconde fille de Jean, seigneur de Gimel, et sœur de Blanche de Gimel, femme de Pierre comte de Beaufort, vicomte de Turenne. » (Moréri.) — Pour comprendre le mot de Mme Cornuel, il faut se rappeler que chaque verset des Lamentations de Jérémie est précédé d’une des lettres de l’alphabet hébreu, dont la troisième se nomme ghimel.