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1677 qu’on ne donne guère de compagnies à de jeunes gens, à moins qu’ils ne les achètent ; vous savez de plus que le Roi, qui ne voit pas d’ordinaire les enfants des exilés, comme par exemple les comtes de Limoges et les Jarzé[1], est bien éloigné de leur donner des compagnies de cavalerie ; tout cela étant, je prétends avoir été agréablement distingué en cette rencontre, et je viens d’en faire un remerciement au Roi, dont je vous envoie la copie[2].

Mes ennemis pourront peut-être empêcher encore quelque temps qu’on me rende justice, mais tôt ou tard on me la fera. Cependant ils ne peuvent empêcher que je ne reçoive des grâces, et c’est dont je remercie le Roi, pour lui faire trouver cette action si belle, qu’il lui prenne envie de la recommencer.

La Gazette de Hollande est plaisante de parler de bonne foi comme elle fait. Mme de Coligny dit que si la prise de Fribourg a été pour dire adieu aux Allemands, la prise de Saint-Guilain[3] est pour prendre congé des Espagnols. Il faut dire le vrai[4], le Roi est admirable dans ses conquêtes, et il ne faut pas que ses généraux s’en estiment davantage : il les conduit par ses ordres quand il est à l’armée et quand il n’y est pas, et les mesures justes qu’il prend, jointes à sa bonne fortune, les font réussir

  1. 7. « Comme les comtes de Limoges (voyez tome III, p. 152, note 4) ni les Jarzé (voyez tome III, p. 122, note 5, et la lettre du 15 octobre 1688). » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)
  2. 8. Voyez cette lettre au tome III, p. 469, de la Correspondance de Bussy.
  3. 9. Saint-Ghislin, place forte du Hainaut, investie le 1er décembre par le maréchal d’Humières, capitula le 10, Villa-Hermosa, qui venait la secourir, arriva trop tard, et éprouva la même déconvenue que le duc de Lorraine pour Fribourg.
  4. 10. « II est vrai que le Roi est admirable en ses conquêtes. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)