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1677 taires du Roi[1] ; Monsieur le chancelier lui répondit : « Monsieur Berrier, je vous remercie et votre compagnie ; mais, Monsieur Berrier, point de finesses, point de friponneries ; adieu, Monsieur Berrier. » Cette réponse donne de grandes espérances de l’exacte justice ; cela fait plaisir aux gens de bien. Voilà une famille bien heureuse ; ma nièce de Coligny en devroit être. Cependant voici un peu de fièvre quarte qui fait voir qu’elle est encore des nôtres.

Ce que vous dites de la vieille Puisieux, qu’elle n’en devoit pas faire à deux fois, quand elle fut si malade, un peu avant la maladie dont elle est morte, me donne le paroli[2]

Je ne suis pas encore bien consolée de cette après-dînée que nous passâmes sur le bord de cette jolie rivière[3], sans y lire vos mémoires. J’aurai de la peine à m’en passer jusqu’à l’année qui vient. Si je meurs entre ci et ce temps-là, je mettrai ce déplaisir au rang des pénitences que je devrois faire. Nous parlons souvent de votre bonne chère, le bon abbé et moi, de l’admirable situation de Chaseu, et enfin de votre bonne compagnie ; et nous disons qu’il est fâcheux d’en être séparés quasi pour jamais.

  1. 4. Les secrétaires du Roi étaient au nombre de deux cent quarante. Avant le mois d’avril 1672, ils formaient cinq collèges ; mais depuis cette époque, ils étaient établis en un seul : voyez l’État de la France de 1677, tome II, p. 245.
  2. 5. Paroli est un terme de jeu, qui signifie « le double de ce qu’on a joué la première fois… On dit figurément donner le paroli à quelqu’un, pour dire, renchérir sur ce qu’il a dit, sur ce qu’il a fait, soit en bien, soit en mal. » (Dictionnaire de l’Académie de 1694.)
  3. 6. L’Arroux, sur la rive droite duquel est bâti le château de Chaseu.