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1677 dinaire ; il est lui-même tout comme il étoit. D’Hacqueville est allé au-devant, et l’a mené à la cour ; enfin rien n’est changé. M. et Mme de Molac sont allés en Bretagne, de peur de renouer la seule affaire qui leur étoit bonne[1]. Mlle de Thianges est ravie d’aller en Italie : elle sera mariée dans un mois ; vous serez ici, ma très-chère[2]. On a voulu croire que M. de Louvigny étoit amoureux de Madame la Grande-Duchesse[3], et que Jeanneton la folle, qui ne l’est point, donnoit les lettres. Le Roi a dit que

  1. 5. Voyez ci-dessus, p. 363 et 364. — Cette phrase ne se lit que dans l’édition de 1734.
  2. 6. « Vous serez ici dans ce temps-là. » (Édition de 1754.) — Voyez la lettre du 15 octobre, p. 363. — Les trois phrases qui suivent ne sont pas dans l’édition de 1734.
  3. 7. Mme de Montmorency explique ce passage dans une lettre qu’elle écrit au comte de Bussy le 10 décembre suivant (voyez la Correspondance de Bussy, tome III, p. 432) : « Je ne sais si l’on vous a mandé la cruelle pièce qu’on a faite à Madame la Grande-Duchesse, en lui imposant qu’il étoit tombé de sa poche une lettre qu’elle avoit reçue de Louvigny. On soupçonne Mme de Montespan d’avoir fait ce paquet, par la crainte qu’elle a eue que le Roi ne se plût trop avec cette dame. » Et dans une lettre du 8 janvier suivant (tome IV, p. 7} elle ajoute : « Madame la Grande-Duchesse n’a aucune galanterie ; ce sont les amis de Mme de Montespan qui l’ont chargée de cette iniquité, pour dégoûter le Roi, qui ne traitoit pas mal cette princesse, et sur cela j’admire le monde qui trouvoit avant ceci Madame la Grande —Duchesse une personne achevée ; et aujourd’hui qu’elle n’est pas amie de Mme de Montespan, on la trouve toute pleine de défauts. » Enfin Gaignières, dans une lettre à Bussy du 26 octobre (tome III, p. 399), raconte cette aventure de la manière suivante : « Il est arrivé ces jours passés une petite mortification à Madame la Grande-Duchesse. Il y a auprès de la Reine une folle, ou soi-disante, appelée Jeanneton, qui prenoit soin, dit-on, de donner à Louvigny les poulets de cette princesse. Cela s’est découvert : le Roi vouloit qu’on la chassât sur-le-champ ; mais la Reine a remontré que de la chasser sur cela seroit avérer une chose fâcheuse, et que dans trois ou quatre mois elle s’en déferait ; ce que le Roi a trouvé bon, en faisant témoigner à sa belle cousine qu’elle feroit bien de se tenir à Montmartre. Je crois que c’est une médisance. »