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1677 chez Mme de Montespan, quoique des rampantes eussent été bien aises[1] qu’elle eût fait voir par là qu’elle avoit généreusement attiré cette indignation : elle ne fait point de ces petites misères-là. M. de la Trousse demeure sur la frontière, et prend soin des places conquises[2] ; cet emploi est un morceau de favori : c’est par où a passé le maréchal de Rochefort ; la Trousse marche sur ses pas. M. de Louvois demanda pardon à Mme de Coulanges de lui ôter pendant l’hiver cette douce société ; au milieu de toute la France, elle soutint fort bien cette attaque ; elle eut le bonheur de ne point rougir, et de répondre[3] précisément ce qu’il falloit. Le maréchal de Gramont est arrivé ; il a été reçu du Roi comme à l’or-

  1. 2. « Eussent voulu. » (Édition de 1754.)
  2. 3. La Gazette du 23 octobre annonce que « les conquêtes du Roi ont donné le moyen à Sa Majesté de soulager son royaume de quartiers d’hiver, et que la plus grande partie de ses troupes vont entrer incessamment dans le pays de ses conquêtes. » Puis elle nomme les commandants des divers quartiers d’hiver ; la Trousse est en tête de la liste : « Le marquis de la Trousse, lieutenant général et capitaine de la compagnie des gens d’armes de Monseigneur le Dauphin, commandera les troupes qui seront en quartier dans Dunkerque, Bergue, Graveline, Calais, Bourbourg, et dans les autres villes du côté de la mer. » — Perrin, dans son édition de 1754, fait ici, au sujet de la Trousse, la note suivante, où se trouvent répétées diverses choses déjà dites ailleurs : « Philippe-Auguste le Hardi, marquis de la Trousse, étoit cousin germain du mari de Mme de Coulanges, à laquelle on disoit dans le monde qu’il étoit fort attaché. Mme de Coulanges, qui étoit née avec bien de l’esprit, avoit acquis une facilité singulière à dire des choses fines et heureuses : c’est ce qu’on appeloit ses épigrammes ; d’où l’on peut juger quel devoit être l’agrément de ses lettres et le charme de sa société. Elle étoit nièce de Mme la chancelière le Tellier, ce qui, joint aux liaisons d’amitié qu’elle avoit conservées avec Mme de Maintenon, lui fit faire de fréquents voyages à la cour, où elle était toujours fort désirée ; mais comme elle n’y avoit aucun rang, Mme de Sévigné disait que l’esprit de Mme de Coulanges étoit une dignité. »
  3. 4. « Elle ne rougit point et répondit. » (Édition de 1754.)