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1677 La terre trembla à ce discours : tous les dévots furent en campagne. La Reine s’en émeut peu[1] : enfin on a tout rapsodé[2] ; mais ce qui est dit est dit, ce qui est pensé est pensé, et ce qui est cru est cru. Ceci est d’original.

Vous allez donc au clair de la lune ? Tant mieux, ma fille ; c’est signe que vous vous portez bien, puisqu’on vous le permet : peut-on juger plus avantageusement de ceux qui vous aiment, et qui prennent soin de votre santé ? La mienne est parfaite : si elle n’étoit comme elle est, elle ne seroit pas bien. J’espère que nous ferons encore quelque séjour à Livry ; mais il faut que le bien Bon soit guéri. J’embrasse M. de Grignan et M. de la Garde ; je les conjure, si vous voulez venir, de ne point attendre les horribles chemins. Il me paroît que le vent devient automnal, comme dit l’almanach. Où laissez-vous votre fils ? Je n’ai pas bien compris ce que vous faites de ce vicaire du Saint-Esprit : vient-il à Grignan ? Vous savez les rigueurs qu’on a pour le curé. Et Pauline ? je voudrois bien la patronner[3]. Je suis en peine, comme vous, de son parrain[4] : cette pensée me tient au cœur et à l’esprit. Vous ignorez la grandeur de cette perte : il faut espérer que Dieu nous le conservera ; il se tue ; il s’épuise ; il se casse la tête ; il a toujours une petite fièvre. Je ne trouve point que les autres en soient aussi en peine que moi ; enfin, hormis le quart d’heure qu’il donne du pain à ses truites[5]

  1. 28. La Reine allait très-fréquemment aux Carmélites de la rue du Bouloir. Ces visites sont mentionnées dans la Gazette, qui, dans son numéro du 28 octobre, en rapporte une qui tombe au jour même où Mme de Sévigné écrivait cette lettre à sa fille, c’est-à-dire au 15 octobre, fête de sainte Thérèse.
  2. 29. Ce membre de phrase et le précédent ne sont pas dans l’édition de 1734.
  3. 30. Voyez ci-dessus, p. 222, note 6.
  4. 31. Le cardinal de Retz. Voyez tome III, p. 413, note 4.
  5. 32. Voyez tome IV, p. 198, note 8.