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1677 dans votre château est une chose extraordinaire ; vous m’écrivez de Rochecourbière : la jolie date ! la jolie grotte ! que vous êtes aimable de vous y souvenir de moi et de m’y regretter ! Laissons faire à la Providence : nous nous y reverrons, ma belle ; mais auparavant je vais vous attendre en Carnavalet[1], où il me semble que je vais vous rendre mille petits services, pas plus gros que rien. Me voilà trop heureuse ; car il me semble que vous me mandiez l’autre jour que c’étoit dans les petites choses que l’on témoignoit son amitié : voilà fort bien[2] ; il est vrai, on ne sauroit trop les estimer : dans les grandes occasions, l’amour-propre y a trop de part[3] ; l’intérêt de la tendresse y est noyé dans celui de l’orgueil : voilà une pensée que je ne veux pas vous ôter ; présentement j’y trouve mon compte.

Je suis pour la perte de Bayard tout comme vous l’avez pensé : c’est une perte pour ses amis[4]. J’ai fait vos compliments à Mme de la Fayette ; elle ne s’en peut remettre. Elle étoit au lait ; il s’est aigri, elle l’a quitté de sorte que cette unique espérance pour le rétablissement de sa misérable santé, nous est ôtée. Celle de M. du Maine apparemment n’est pas bonne ; il est à Versailles, où personne du monde ne l’a vu : on dit qu’il est plus boiteux qu’il n’étoit[5] ; enfin il y a quelque chose. Mme de Montespan alla l’autre jour coucher à Maintenon, croyant

  1. 11. « Au Carnavalet. » (Édition de 1734.)
  2. 12. Ces trois mots manquent dans les deux éditions de Perrin.
  3. 13. « L’amour-propre a trop de part à ce qu’on fait dans les grandes occasions. » (Édition de 1754.)
  4. 14. Ce petit membre de phrase manque dans les deux éditions de Perrin. Celle de 1754 continue ainsi : « Mme de la Fayette ne s’en console point ; je lui ai fait vos compliments. »
  5. 15. Voyez tome IV, p. 22, note 31. Cette phrase n’est pas dans l’édition de 1734 ; notre manuscrit donne il dit, au lieu de on dit.