Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/355

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1677 l’honneur de débarquer chez moi, plus belle, plus fraîche, plus rayonnante que jamais[1] ; et depuis ce jour-là, elle a été dans une agitation continuelle, dont elle se porte très-bien, quant au corps s’entend ; et pour son esprit, il est, ma foi, avec vous ; et s’il vient faire un tour dans son beau corps, c’est pour parler de cette rare comtesse qui est en Provence : que n’en avons-nous point dit jusqu’à présent ? et que n’en dirons-nous point encore ? Quel gros livre ne feroit-on point de ses perfections, et combien grosse en seroit la table des chapitres !

Au reste, Madame la Comtesse, croyez-vous être faite seulement pour des Provençaux ? Vous devez être l’ornement de la cour : il le faut pour les affaires que vous y avez ; il le faut, afin que je vous remercie moi-même en personne des portraits que vous m’avez envoyés ; et il le faut aussi pour nous rendre Madame votre mère tout entière. En vérité, ma belle Comtesse, tous vos amis et vos serviteurs opinent à votre retour : préparez-vous donc pour ce grand voyage ; dormez bien, mangez bien ; nous vous pardonnerons de n’être pas emmaigrie de notre absence ; songez donc très-sérieusement à votre santé, et croyez que personne ne peut être plus à vous, ni plus dans vos intérêts que j’y suis.

    en 1754. L’un de ces fragments parle des orages d’automne en Provence ; l’autre de la santé de Mme de Grignan ; d’un petit médecin à qui elle s’intéresse, et du remède de l’Anglois.

  1. 16. « Plus rayonnante qu’on ne peut dire. » (Édition de 1754.)