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Adieu, ma chère cousine : je vous assure que je vous aime bien ; il m’a pris un redoublement d’amitié pour vous, que je sens bien qui se tournera en continue.


651. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Vichy, jeudi à quatre heures du soir,
16e septembre.

Demandez au chevalier de Grignan si je n’ai pas bien du soin de lui, si je ne lui donne pas un bon médecin, et si moi-même je n’en suis pas un admirable. Je n’eusse jamais cru voir à Vichy les chiens de visages que j’y vois. Comme on est toujours rassemblé, ce qu’il y a de meilleur se met ensemble, et cela compose une fort bonne compagnie. Je traite fort sérieusement la santé du chevalier, et je verrai les commencements de ses remèdes, et le laisserai en bon train avant que de partir.

Je commence la douche aujourd’hui ; je crois qu’elle me sera moins rude que l’année passée ; car j’ai devant et après moi Jussac, Termes, Flamarens, chacun sa demi-heure : cela fait une société de misérables qui ne le sont pas trop. Je vous en manderai des nouvelles ; ils ont déjà commencé, et trouvent que c’est la plus jolie chose du monde.

Mon Dieu, ma très-chère, que vous avez été vivement et dangereusement malade ! c’étoit justement le 15e[1] d’août, un dimanche ; vous ne pûtes m’écrire, et la confusion de mon départ m’a détournée de l’inquiétude que cela m’au-

  1. Lettre 651. — 1. Dans l’édition de 1734 on lit 4e, au lieu de 15e. C’est une faute de copie ou d’impression. Le 4 était un mercredi.