Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/320

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1677 ment sur tous les chapitres ; je ne fais aussi réponse à rien. Je vous conjure seulement de mander à d’Hacqueville ce que vous avez résolu pour cet hiver, afin que nous prenions l’hôtel de Carnavalet[1] ou non.

Je voudrois que vous eussiez vu jusqu’à quel excès la présence de Termes et de Flamarens fait monter la coiffure et l’ajustement de deux ou trois belles de ce pays. Enfin, dès six heures du matin, tout est en l’air, coiffure hurlupée, poudrée, frisée, bonnet à la bascule, rouge, mouches, petite coiffe qui pend, éventail, corps de jupe long et serré : c’est pour pâmer de rire ; cependant il faut boire, et les eaux leur ressortent par la bouche et par le dos.

Adieu[2], ma chère enfant : ayez soin de votre santé ; la mienne est admirable. Les eaux me font très-bien. Vincent me gouverne tout comme M. de Champlâtreux ; tout est réglé, tout dîne à midi, tout soupe à sept, tout dort à dix, tout boit à six.


  1. 7. Très-joli hôtel qui se voit encore, mais affreusement badigeonné, à l’angle des rues Culture et Neuve-Sainte-Catherine. Jacques des Ligneris, président au parlement, le fit bâtir vers le milieu du seizième siècle par Bullant, sur les dessins de Pierre Lescot ; quelques-unes des sculptures, quelques-uns des ornements qui le décorent ont été attribués, avec un peu de complaisance peut-être, à Jean Goujon lui-même et à maître Ponce ; il a été plus tard complété par Androuet du Cerceau et par François Mansard. Mme de Sévigné le loua cette année d’un M. d’Agaurry, et l’habita jusqu’à sa mort. — Françoise de la Baume Montrevel, veuve de François de Kernevenoy (gentilhomme breton, gouverneur de Henri III, dont le nom se prononçait Carnavalet à la cour), avait acquis l’hôtel vers 1578 et lui donna le nom qu’il a gardé. Voyez l’intéressante Notice sur l’hôtel de Carnavalet par M. Verdot, 2e édition, 1856.
  2. 8. Dans l’édition de 1754, ce dernier alinéa vient immédiatement avant le précédent et fait partie du premier qui suit la reprise de Mardi soir. La première phrase y est ainsi : « Je vous demande encore d’avoir soin de votre santé ; la mienne est admirable. »