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1677 pagnie de bohèmes. Nous avons attaqué la première litière ; nous y avons trouvé le bon Valavoire : ah ! que c’est bien le vieil homme ! Nous sommes tous descendus ; il m’a baisée, et m’a pensé avaler ; car il a, comme vous savez, quelque chose de grand dans le visage. Sa femme m’a parlé de vous et de votre santé d’une manière à me persuader : vous n’êtes point grasse ; mais vous avez un beau teint, vous êtes blanche, vous êtes tranquille : tout ce qu’elle m’a dit m’a paru naturel, et m’a fort plu. J’ai trouvé les chemins étranges ; j’ai pensé que vous aviez essuyé tous ces cahots ; ah ! qu’il y en a de bons[1] ! Mon cocher est admirable, mais il est trop hardi[2] ; M. de Guitaut dit qu’il l’estime de deux choses : l’une est d’être bon cocher, un fort bon cocher ; l’autre, de mépriser mes cris. Adieu, ma fille, en voilà assez pour des gens entre deux vins. Il y a ici un fort bon médecin qui me demande : « Madame, pourquoi allez-vous à Vichy ? » répondez-lui ; car pour moi, je n’ai jamais pu. Je[3] vous embrasse avec une tendresse que vous savez et que je ne veux plus dire.


du comte de guitaut.

Et moi, Madame, qui n’oserois vous embrasser, je vous assure qu’on ne peut être plus à vous que j’y suis, et qu’après toutes nos folies, tout compté et tout rabattu, je m’en vais coucher avec le bien Bon.

  1. 14. Les mots : « ah ! qu’il y en a de bons ! » ne se trouvent que dans notre manuscrit.
  2. 15. Voyez la lettre suivante, p. 306.
  3. 16. Cette phrase et l’apostille du comte de Guitaut ne sont que dans notre manuscrit.