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1677 peur, ou que les amis ne soient pas sujets à la prendre[1], il est certain que rien ne se dérange. Vous faites très-bien d’en écrire à d’Hacqueville et même au Cardinal. Est-il un enfant ? ne sauroit-il venir à Saint-Denis[2] sans le consentement de ses précepteurs ? et s’ils l’oublient, fautil qu’il se laisse égorger ? Vous avez très-bonne grâce de vous inquiéter[3] sur la conservation d’une personne si considérable, et à qui vous devez tant d’amitié.

Tous vos discours sur Charleroi sont justes comme l’or : mères, sœurs, amies, maîtresses, toutes sont infiniment redevables au prince d’Orange. Rien n’est si plaisant que la conduite de tous ces Messieurs pendant cette campagne[4].

Enfin la cour est à Fontainebleau[5]. On dit que Mme de Coulanges ira passer le temps de ce voyage à Livry : ne lui avez-vous pas fait réponse, ma très-chère ? je vous prie de n’y pas manquer[6].

M. de Guitaut vouloit vous mander comme il est content de mon séjour, et combien nous avions parlé tendrement de vous ; mais je ne sais où il est. Je m’en vais fermer cette lettre, en vous embrassant mille fois de tout mon cœur, ma très-chère. Vous ne pouvez assez compter sur ma véritable tendresse.

  1. 23. « À prendre l’alarme. » (Édition de 1754.)
  2. 24. Le cardinal de Retz était abbé de Saint-Denis.
  3. 25. « À vous inquiéter. » (Édition de 1754.)
  4. 26. Le prince d’Orange, comme nous l’avons déjà dit, avait investi Charleroi le 6 août, et dès le 14, « sans qu’aucun secours fût entré dans la place (dit la Gazette du 21), sans qu’on lui eût défait aucun convoi », il avait levé le siége, et était allé camper à Sombref avec les Hollandais. Le duc de Villa-Hermosa s’était retiré d’un autre côté avec les Espagnols et les autres troupes des alliés.
  5. 27. Voyez ci-dessus, p. 261, note 10.
  6. 28. Ce membre de phrase n’est pas dans l’édition de 1754, non plus que la phrase qui finit la lettre.