Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/305

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1677 opinions probables, et d’autres denrées de cette force, ils sont révoltés. Disons donc, ma chère enfant, qu’ils sont bien haïs ou bien aimés de Dieu, à voir de quelle façon ils sont persécutés. Je suis assurée que cette petite histoire réjouira vos prélats.

Je suis fâchée des vapeurs de M. de la Garde. Vous voilà donc bien tous deux offensés contre l’air de Paris ; il faut que Dieu ait donné une bénédiction nouvelle à celui de Grignan ; car de mon temps on ne l’eût jamais soupçonné de restaurer, de rafraîchir et d’humecter une jeune personne : que Dieu soit loué à jamais de la santé que vous y avez trouvée ! Sans raisonner ni tirer aucune conséquence, je m’en tiens là, et je puis dire qu’il n’est pas moins bon[1] pour ma vie que pour la vôtre, puisqu’il vous a tirée du pitoyable état où vous étiez quand je vous dis adieu[2].

Samedi 28e août.

Je reçois, ma fille, votre lettre du 18e : j’en ai reçu trois ici. Je pars demain. Mme de Chatelus m’est venue voir, au lieu de recevoir ma visite à Chatelus[3]. Je serai un jour avec mes parents, et le 4e à Vichy. Vous avez eu raison d’être surprise de la mort de la pauvre Mme du Plessis. J’en suis fort touchée, et plus que bien d’autres : elle nous aimoit, et vous lui plaisiez au dernier point ; vous vous entendiez à merveilles ; elle a été enlevée en six jours sans connoissance ; enfin cela est pitoyable.

Pour notre cardinal, j’ai pensé souvent comme vous ; mais soit que les ennemis ne soient pas en état de faire

  1. 20. « Et je puis dire que cet air n’est pas moins bon. » (Édition de 1754.)
  2. 21. « Quand nous nous séparâmes. » (Ibidem.)
  3. 22. Chastellux-sur-Cure, dans le département de l’Yonne. — Sur Mme de Chastellux, voyez tome III, p. 250, note 2.