Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1677 Comment vous portez-vous, ma très-chère ? dormez-vous toujours ? n’engraissez-vous point un peu ? n’avez-vous point de dragons[1]


Monsieur le Comte, vous ne me dites pas un mot d’elle : votre plume a-t-elle bien voulu oublier cet article ? Parlez-moi donc de votre musique ; votre femme fait la délicate et la connoisseuse ; il me semble qu’elle auroit quelque légère disposition à ne la pas admirer. Je vous conseille de ne plus penser à Arnoux : il a bien d’autres vues que l’espérance d’un canonicat[2]à Grignan. Il est jeune, il gagne beaucoup, et gagnera encore plus[3] ; il aspire à être de la musique de la chapelle. Faites comme moi, mon cher[4] : quand je vois qu’on ne me veut point, il me prend dans le même temps une envie toute pareille de ne les avoir pas, et cela se rencontre le plus heureusement du monde[5]. Je soupai l’autre jour chez la marquise d’Uxelles ; j’y trouvai Rouville[6], qui me parla de vous si sérieusement, et avec tant d’estime et de respect, que je crois qu’il va mourir. J’ai bien des souvenirs à vous dire des Saint-Gérans, des Vins, et bien d’autres ; enfin de quoi remplir ce nombre que vous voulez augmenter, à ce qu’on m’a dit, à cause du dénuement où vous vous trouvâtes l’autre jour à Aix[7].

  1. 21. Ce membre de phrase n’est que dans le texte de 1734.
  2. 22. Qu’un canonicat. (Édition de 1754)
  3. 23. Ce membre de phrase : « et gagnera encore plus, » manque dans l’édition de 1734.
  4. 24 « Mon cher Comte ».(Édition de 1754)
  5. 25. Voyez la lettre du 10 août précédent, p. 268. — Dans l’édition de 1754 : « il me prend aussitôt une envie toute pareille de ne m’en point soucier, etc. » La phrase suivante n’est pas dans le texte de 1734.
  6. 26. Voyez tome II, p. 415, note 4.
  7. 27. Voyez la lettre du 19 juillet précédent, p. 23.