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rément ; elle étoit ce soir ici avec l’abbé Arnauld[1]. J’ai résisté à la prière de laisser mon portrait[2] pour être copié chez eux : cette pensée me blesse d’une telle sorte, que je ne la puis souffrir à Vichy ; à mon retour, si j’ai plus de force pour supporter cette tribulation, je leur permettrai[3]. Songez à votre santé, si vous aimez la mienne : elle est telle, que sans vous je ne penserois pas à faire le voyage de Vichy. Il est difficile de porter son imagination dans l’avenir, quand on est sans aucune sorte d’incommodité ; mais enfin vous le voulez, et voilà qui est fait. Adieu, ma très-chère : Mme de Coulanges m’a menée ces derniers jours ; elle s’est toute dérangée pour moi ; elie n’a songé qu’à moi. Tout de bon, elle a très-bien fait[4].


1677

638. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME ET À MONSIEUR DE GRIGNAN.

À Villeneuve-le-Roi[5], mercredi 18e août.

Eh bien ! ma fille, êtes-vous contente ? me voilà en chemin, comme vous voyez. Il étoit[6] question lundi d’une nouvelle qui étoit encore dans la nue. J’avois une grande impatience de savoir si on ne s’étoit point battu ; car on nous avoit ôté entièrement la levée du siège de Charleroi,

  1. 6. Voyez tome I, p. 433, note 4, et tome III, p. 85, note 7.
  2. 7. « À la prière qu’on m’a faite de laisser votre portrait. » (Édition de 1754.)
  3. 8. « j’y consentirai, » et à la ligne suivante : « elle est si bonne » (Édition de 1754).
  4. 9. Cette dernière phrase n’est pas dans l’impression de 1754.
  5. Lettre 638. — 1. Villeneuve-le-Roi ou Villeneuve-sur-Yonne, chef-lieu de canton de l’Yonne, entre Sens et Joigny.
  6. 2. Cette phrase est un peu différente dans l’édition de 1754 : « Je partis lundi, et il étoit question ce jour-là d’une nouvelle, etc. »