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1677 bien : c’est que vous aviez compté sans votre hôte, qui fait toujours ses parties bien hautes, sans qu’on en puisse rien rabattre. Vous dites que votre château est une grande ressource : j’en suis d’accord, ma fille ; mais j’aimerois mieux y demeurer par choix que d’y être forcée[1]. Vous savez ce que dit l’abbé d’Effiat ; il a épousé sa maîtresse ; il aimoit Véret[2] quand il n’étoit pas obligé d’y demeurer ; il ne peut plus y durer, parce qu’il n’ose en sortir. Enfin, ma fille, je vous conseille de suivre toutes vos bonnes résolutions de règle et d’économie : cela ne rajuste pas une maison, mais cela rend la vie moins sèche et moins ennuyeuse.

Je n’ai point vu Mlles de Lillebonne ; je crois qu’elles ne sont point si jolies que la sœur de votre princesse[3]. Elle est toujours à Chaillot ; sa mère[4] est grosse, et honteuse comme si elle l’avoit dérobé. Je vous ai remerciée, ma très-chère, de tout ce que vous faites d’admirable pour mes anciennes amies. Vous aurez vu combien Mme de Lavardin a senti votre honnêteté. Mme de Marbeuf, qui est ici, vous fait mille compliments : elle est enchantée de ce joli petit lieu ; elle dit qu’il ne ressemble à rien que l’on ait vu. J’ai aussi mon ami Corbinelli : il va tâcher de raccommoder un peu le poëme épique avec vous.


Mercredi matin.

Je recois, ma fille, votre lettre du 28e juillet : il me semble que vous êtes gaie ; votre gaieté marque de la

  1. 7. « Forcée par la nécessité. » (Édition de 1754.)
  2. 8. Sur le château de Veret (Veretz), voyez tome V, p. 133, note 6.
  3. 9. Mme de Vaudemont, belle-sœur de la princesse d’Elbeuf.
  4. 10. Elisabeth de la Tour, nièce de Turenne, seconde femme du duc d’Elbeuf. Voyez tome IV, p. 96, note 1. Elle avait alors quarante-deux ans, et accoucha le 20 décembre suivant du prince Emmanuel.