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1677 Le mercredi je fais réponse à vos deux lettres ; le vendredi je cause sur ce qui se présente. Le Baron se divertit à merveilles ; j’ai toujours ces inquiétudes que vous savez ; il est tout à fait vrai qu’il ne s’appuie pas sur le talon, mais il est si difficile[1] de le plaindre en le voyant, que c’est de cela qu’il faut le plaindre. Je trouve qu’il est fâcheux d’avoir à se justifier sur certains chapitres.

Mme de Villars m’écrit mille choses de vous : je vous enverrai ses lettres un de ces jours ; elles vous divertiront. Mme d’Heudicourt est entièrement dans la gloire de Niquée[2] ; elle y oublie qu’elle est prête d’accoucher[3]. La princesse d’Elbeuf[4]est fort aimable, Mlle de Thianges fort belle, et très-appliquée à faire sa cour. Mme de Montespan étoit l’autre jour toute couverte de diamants ; on ne pouvoit soutenir l’éclat d’une si brillante divinité. L’attachement paroît plus grand qu’il n’a jamais été ; ils en sont aux regards : il ne s’est jamais vu d’amour reprendre terre comme celui-là. Mme de la Fayette remonte toujours le Rhône tout doucement[5] ; et moi, ma fille, je vous aime avec la même inclination que ce fleuve va de Lyon dans la mer[6] : cela est un peu poétique, mais cela est vrai.

  1. 20. « Le Baron se divertit à merveilles ; et quoiqu’il ne s’appuie point sur le talon, il est si difficile, etc. » (Édition de 1754.)
  2. 21. Voyez tome IV, p. 547 et 548, note 14.
  3. 22. C’est le texte des deux éditions de Perrin, nos seules sources pour cette partie de la lettre.
  4. 23. Anne-Charlotte de Rochechouart, fille du maréchal de Vivonne, avait épousé, le 28 janvier 1677, Henri de Lorraine, fils du second lit du duc d’Elbeuf, et frère de la princesse de Vaudemont. Elle mourut, séparée depuis longtemps de son mari, le 28 avril 1729, à l’âge de soixante-neuf ans.
  5. 24. Voyez la lettre précédente, p. 238.
  6. 25. « À la mer. » (Édition de 1754.)