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1677 laire[1]. Vous verrez comme il réussira bien dans les prédications qu’il doit faire[2]. Il dîna hier avec moi ; c’est un étrange nom pour moi que celui de Grignan.

Monsieur le Comte, par cette raison je ne vous hais point[3]. N’êtes-vous pas bien aise de revoir ce petit chien de visage, s’il est vrai qu’il soit aussi rafraîchi qu’on me le mande ? Conservez bien cette chère santé ; nos cœurs ne sont guère à leur aise, quand elle est comme nous l’avons vue : cette idée me blesse toujours ; je n’ai pas l’imagination assez forte pour la voir, ni comme elle est, ni comme elle a été. Je vous recommande aussi la favorite[4] ; je suis assurée qu’elle est fort jolie, et qu’elle ressemblera à sa mère : que dites-vous de cette ressemblance ? Si ma fille sort de Grignan, j’approuve le dépôt qu’elle veut faire de la sienne à Madame votre sœur, à condition qu’on la reprendra, car il est vrai que nos sœurs[5] ne sont pas si commodes.

Ma fille, voilà ce que ma plume a voulu vous conter.

  1. 15. Ce mot, qui paraît signifier ici rayonnant, radieux, est ainsi expliqué par le Dictionnaire de Trévoux : « On dit qu’une personne a le visage solaire, quand elle a le visage ouvert, plein et d’une heureuse physionomie. » L’abbé d’Olivet emploie ce terme dans l’Histoire de l’Académie française (tome II, p. 350, in-12), en parlant de Fr. de Harlay, archevêque de Paris, qui avait, dit-il, « une physionomie solaire, un grand air de majesté, etc. »
  2. 16. Cette phrase n’est pas dans le texte de 1754.
  3. 17. « C’est ce qui fait que je ne vous hais pas. » (Édition de 1754)
  4. 18. Pauline. — Le texte de 1754 la nomme : « Vous voulez bien aussi que je vous recommande Pauline. »
  5. 19. De la Visitation. Voyez la lettre précédente, p. 239. — Cette phrase n’est pas dans le texte de 1734.