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Port-Royal, à plus de quatre-vingts ans, et qui conte sa vie et le temps de Louis XIII avec tant de vérité et de naïveté et de bon sens, que je ne puis m’en tirer. Monsieur le Prince l’a lu d’un bout à l’autre avec le même appétit. Ce livre a bien des approbateurs, et d’autres qui ne le peuvent souffrir : ou on l’aime, ou on le hait ; il n’y a point de milieu : je ne voudrois pas jurer que vous ne l’aimassiez[1].

La raison que vous ne comptez point, ma fille, pour retourner à Vichy[2], qui est de vous voir et de vous ramener, est justement celle qui me toucheroit et qui me paroît uniquement bonne : aussi je n’y balancerois pas, si j’étois persuadée que cela fût nécessaire ; mais je crois mes lettres de change acceptées de trop bonne foi pour n’être pas acquittées fidèlement. Ainsi, ma très-belle, je vous attendrai avec toute la joie que vous pouvez vous imaginer d’une amitié comme celle que j’ai pour vous.


568. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Livry, vendredi 14e août.

Ma chère enfant, je me porte fort bien ici ; je suis plus persuadée de la grandeur du mal que j’ai eu, par

    travaux de jardinage, de défrichement, et hors du vallon, sur la montagne. Il le surpassa même en âge et mourut à quatre-vingt-sept ans. » Sur ses Mémoires, rédigés par du Fossé, publiés en 1676, et dont Voltaire a contesté l’authenticité, en mettant même en doute l’existence de Pontis, voyez le Port-Royal de M. Sainte-Beuve, à la suite du passage que nous venons de citer, tome II, p. 288.

  1. 27. Tel est le texte du manuscrit. Les deux éditions de Perrin donnent « que vous l’aimassiez. »
  2. 28. « Pour me faire aller à Vichy, » (Édition de 1754.)