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1677 tanègues[1] deux cent dix mille francs tout comptant, et trente mille francs sur les états prochains de Languedoc : cela est bon. Mais voici ce qui est bien meilleur, car vous savez que ce ne sont jamais les choses, ce sont les manières : elle remercia le Roi ; il lui dit qu’elle se plaignoit toujours d’être malade, mais qu’il la trouvoit fort belle. « Sire, c’est trop, quatre-vingt mille écus, et des douceurs. — Madame, je crois que vous n’augmenterez pas les meubles de votre maison d’aucun coffre-fort. — Sire, je ne verrai pas seulement l’argent que Votre Majesté nous donne. » Là-dessus M. de Louvois entra sur ce même ton dans la plaisanterie ; cela fut poussé un quart d’heure fort agréablement. Il se trouva que Mme de Schomberg dit deux ou trois choses fort fines. Le Roi lui dit : « Madame, je m’en vais vous dire une chose bien vaine ; c’est que j’aurois juré que vous m’auriez répondu cela. » Mme de Montespan lui fit encore des merveilles. Voilà comme on fait en ce pays-là[2] : quand on fait du

    de Perrin.) Il est question ici de la première maréchale de Schomberg (Marie de Hautefort), dont le mari avait été lieutenant général en Languedoc : la maréchale avait sans doute sur cette charge quelque brevet de retenue ; voyez tome II, p. 141 note 7, et p. 357, la fin de la note 5. D’après l’État de la France de 1677, le marquis de Cauvisson et le comte du Roure étaient lieutenants généraux, l’un au haut Languedoc, l’autre au Vivarais. La troisième lieutenance générale de la province était vacante : voyez plus haut, p. 31, note 5. Dans la Gazette du 31 juillet, il est dit que c’est la charge de lieutenant de Roi de Languedoc que le Roi a donnée au marquis de Montanègues. Ce nom est écrit Montanègre dans notre manuscrit et dans les deux éditions de Perrin.

  1. 11. Jean-Baptiste d’Urre de Broutin, de Paris, marquis de Montanègues et de Vezenobre. (Armoriai des états de Languedoc de 1686.) — Dix ans plus tard, il abandonna sa charge de lieutenant de Roi de Languedoc à ses créanciers. Voyez le Journal de Dangeau, à la date du 21 décembre 1687.
  2. 12. Dans l’édition de 1734 : « comme on en use ; » dans celle de 1754 : « comme on traite les gens. »