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1677 D*** entra hier à la Bastille [1], pour avoir, chez Mme la comtesse de Soissons, levé la canne sur L***, et l’avoir touché, dit-on, quoique légèrement : le comte de Gramont se mit entre-deux ; les menaces furent vives. L*** dit à D*** qu’il étoit un lâche, et que dans un autre lieu il n’auroit pas tant fait de bruit. Madame la Comtesse alla demander justice au Roi contre l’insolence commise dans sa maison. Le Roi lui dit qu’elle devroit se l’être faite à elle-même. Le cardinal de Bonzi lui fit des excuses pour D*** ; elle dit que c’étoit l’affaire du Roi ; que si elle eût été chez elle, elle l’eùt fait jeter par les fenêtres. D*** est à la Bastille : on va faire des compliments ; je voudrois bien aller chez la L***, et faire un compliment à D*** : si vous ne voulez pas, je n’en ferai point du tout. La dispute étoit sur huit cents louis que doit L*** et qu’il veut que D*** prenne sur Monsieur. « Vous me les payerez. — Je n’en ferai rien, » et le reste. On est si avide de nouvelles, qu’on a pris cette guenille, et qu’on ne parle d’autre chose.

Mme de la Fayette est toujours mal : nous trouvons pourtant qu’elle remonte le Rhône tout doucement, et

  1. 13. Mme de Scudéry écrivait à Bussy, le 22 août 1677 : « Dangeau et Langlée ont une grosse affaire. Langlée a appelé l’autre poltron devant Mme la comtesse de Soissons, et Dangeau a levé sa canne sur lui devant elle ; pour laquelle chose il a été vingt et quatre heures à la Bastille. On les va accommoder chez les maréchaux. » Mme de Rabutin la chanoinesse écrivait aussi à son père, le 30 juillet : « Dangeau a été deux jours à la Bastille, pour avoir menacé de coups de bâton Langlée, en présence et chez Mme la Comtesse (de Soissons) ; on a accommodé d’égal à égal cette querelle chez les maréchaux depuis sa sortie. Il me trouva il y a quelque temps au palais, où il me fit bien des compliments pour vous. » Enfin Bussy répondait à la lettre du 22 août de Mme de Scudéry : « Dangeau est de meilleure maison que Langlée, mais je le tiens bien égal en courage ». — Sur une première querelle de Dangeau et de Langlée, voyez tome II, p. 455 et 456.