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Cest celui de Dol qui vient à Rennes, et l’abbé de Beaumanoir à Dol[1].

Vous voulez que je vous parle de ma santé, ma très chère enfant ; elle est encore meilleure ici qu’à Paris ; ce petit étouffement est disparu à la vue de l’horizon de notre petite terrasse ; il n’y a point encore de serein ; quand je sens le moindre froid je me retire. On a fait une croisée sur le jardin dans le petit cabinet, qui en ôte tout l’air humide et malsain qui y étoit, et qui fait un agrément extrême ; il n’y fait point chaud : car ce n’est que le soleil levant qui le visite une heure ou deux. Je suis seule, le bon abbé est à Paris. Je lis avec le père prieur[2], et je suis attachée à des mémoires d’un M. de Pontis[3], Provençal, qui est mort depuis six ans au

  1. 24. Ce fut l’abbé Jean-Baptiste de Beaumanoir Lavardin, cousin du marquis de Lavardin, qui fut nommé évêque de Rennes ; il en occupa le siège jusqu’en 1711. Il était fils puîné de Claude de Beaumanoir, vicomte de Saint-Jean, et de Renée de la Chapelle, dame de Varennes, de la Troussière, etc. — L’évêque de Dol, Matthieu Thoreau, ne fut pas déplacé ; il était à Dol depuis 1660 et y resta jusqu’à sa mort (janvier 1692).
  2. 25. Le P. Damaie, prieur de Livry : voyez les lettres des 15 et 18 septembre 1680.
  3. 26. Louis de Pontis, gentilhomme provençal, qui, après avoir passé cinquante-six ans dans les armées, au service de trois de nos rois, crut devoir se retirer en 1653 pour mener une vie cachée à Port-Royal des Champs, où il vécut dans la pratique de la pénitence et de la piété, et mourut le 14 juin 1670. Voyez le Nécrologe de Port-Royal, p. 236. (Note de Perrin, 1754.) — « Dans sa longue et vaillante carrière au régiment des gardes, il n’avait jamais pu, dit M. Sainte-Beuve (tome II, p. 287 et 288), se tirer du grade de lieutenant, où un malin guignon semblait le confiner. C’était le lieutenant expert et consommé ; il lui sied même de n’avoir été que cela, comme à Lancelot de n’avoir été que sous-diacre. Un jour, déjà confiné à Port-Royal, tous les lieutenants de son ancien régiment le vinrent prendre pour arbitre, comme leur doyen, dans un différend qu’ils avaient avec les capitaines. Très-anciennement lié avec M. d’Andilly, il se retira près de lui vers 1652 ou 1653, et participa, mais plus rudement, à ses