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1677 Vous aurez bientôt la Garde et le bel abbé. Nous avons fort causé ici de nos desseins pour la petite intendante[1] : Mme de Vins m’assure que tout dépend du père, et que quand la balle leur viendra, ils feront des merveilles. Nous avons trouvé à propos, pour ne point languir si longtemps, de vous envoyer un mémoire du bien de mon fils, et de ce qu’il peut espérer, afin qu’en confidence vous le montriez à l’Intendant, et que nous puissions savoir son sentiment, sans attendre tous les retardements et toutes les instructions qu’il faudroit essuyer[2] si vous ne lui faisiez voir la vérité ; mais une telle vérité, que si vous souffrez qu’il en rabatte, comme on fait toujours, et qu’il croie que votre mémoire est exagéré, il n’y a plus rien à faire. Notre style est si simple, et si peu celui des mariages, qu’à moins qu’on ne nous fasse l’honneur de nous croire, nous ne parviendrons jamais à rien : il est vrai qu’on peut s’informer, et que c’est où la franchise et la naïveté trouvent leur compte. Enfin, ma fille, nous vous recommandons cette affaire, et surtout un oui ou un non, afin que nous ne perdions pas un grand temps à une vision inutile. Comme je vous écrirai encore vendredi, je retourne à ma compagnie.

  1. 3. La fille de Rouillé de Mêlai, intendant de Provence. Voyez la Notice, p. 211.
  2. 4. L’édition de 1784, la seule qui donne cette lettre, porte :   « essayer, » ce qui est une erreur évidente.