Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1677 divertit fort ; et quand d’ailleurs on est soumise, que les mœurs n’en sont pas dérangées, et que ce n’est que pour confondre les faux raisonnements, il n’y a pas grand mal ; car s’ils vouloient se taire, nous ne dirions rien ; mais de vouloir à toute force établir leurs maximes, nous traduire saint Augustin, de peur que nous ne l’ignorions, mettre au jour tout ce qu’il y a de plus sévère, et puis conclure comme le P. Bauny[1], de peur de perdre le droit de gronder : il est vrai que cela impatiente ; et pour moi, je sens que je fais comme Corbinelli. Je veux mourir si je n’aime mille fois mieux les jésuites : ils sont au moins tout d’une pièce, uniformes dans la doctrine et dans la morale. Nos frères disent bien, et concluent mal ; ils ne sont point sincères : me voilà dans Escobar[2]. Ma fille, vous voyez bien que je me joue et que je me divertis.

J’ai laissé Beaulieu avec le copiste de M. de la Garde ; il ne quitte point mon original. Je n’ai eu cette complaisance pour M. de la Garde qu’avec des peines extrêmes ; vous verrez, vous verrez ce que c’est que ce barbouillage. Je souhaite que les derniers traits soient, plus heureux ; mais hier c’étoit quelque chose d’horrible. Voilà ce qui s’appelle vouloir avoir une copie de ce beau portrait de

    ainsi que la vérité allie ce qui paroît contraire à ceux qui ne la connoissent qu’imparfaitement, etc. »

  1. 5. Un des jésuites que Pascal a raillés dans ses Lettres provinciales. Voyez notamment la quatrième lettre, la sixième et la neuvième. Quelques-unes de ses propositions de morale avaient été censurées dès 1641 par la Faculté de théologie de Paris ; il fut l’un des trois auteurs de l’écrit à propos duquel Arnauld composa son livre de la Fréquente communion : voyez le Port-Royal de M. Sainte-Beuve tomes III, p. 45, et II p. 170.
  2. 6. Autre jésuite, dont plusieurs opinions sont tournées en ridicule par Pascal. Il était né en Espagne et mort en 1669, à l’âge de quatre-vingts ans. Il avait composé de nombreux ouvrages, entre autres un traité des Cas de conscience (l626), et une Théologie morale (1643).