1677 conte ne doit rien à celui de cette Ermitesse dont j’étois charmée. Je trouve que les ermites font de grands rôles en Provence[1]. Le bon abbé en a eu son hoquet ; et pour le frater, il veut vous dire ce qu’il en pense.
Je devrois ne vous rien dire, car vous ne songez pas à moi. Vous êtes si aise d’être une grosse crevée, que vous oubliez tout ce que vous ne voyez pas : vous n’aimez plus ma mère ; et moi, pour la venger, je ne vous aime pas plus que vous ne l’aimez. Nous sommes tous fort édifiés de la dévotion de la petite Madeleine ; vous voyez bien qu’il n’est ferveur que de novice : voyez[2] où l’a jetée l’excès de son zèle. J’en souhaite autant à notre petite Marie ; mais je voudrois bien qu’elle me prît pour son ermite. Je crois que je ressemblerois à un ermite comme deux gouttes d’eau, et s’il me manquoit quelque chose, je trouverois dans le besoin des frocs où je pourrois quelquefois mettre ma tête[3], et j’en recevrois du secours assurément. Le lévrier de M. de Meurles[4], tout éreinté qu’il étoit, en devint bien le meilleur lévrier de la province ; pourquoi ne deviendrois-je pas avec ce secours[5] aussi joli garçon qu’un ermite ?
Adieu, ma belle petite : j’aime Pauline passionnément ; je la veux faire mon héritière, en cas que je meure avant que mon mariage[6]ait réussi. J’ai vu deux fois la jolie
- ↑ 6. Voyez tome II, p. 391 et 392.
- ↑ 7. « Prenez garde.» (Édition de 1754.)
- ↑ 8. « Je trouverois des frocs où je pourrois quelquefois mettre ma tête dans mes besoins. » (Ibidem.)
- ↑ 9. Voyez Gargantua, chapitre XLII.
- ↑ 10. « Avec ce secret. » (Édition de 1754.)
- ↑ 11. « Notre mariage. » (Ibidem.) — Sur ce mariage, que Mme de Grignan fut chargée de négocier, voyez la Notice, p. 211.