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1677 et de ne me pas quitter d’un pas, en me conduisant dans les exercices de la piété, sans me laisser lire, dire, ni entendre la moindre chose, il ne voudroit pas se charger de moi. Il est trés-aimable et de bonne compagnie ; vous pouvez penser si vous fûtes oubliée dans la conversation. J’ai dîné[1] avec M. de la Garde : c’est un homme qu’on aime bien véritablement, quand on le connoît. Il s’en va vous voir, il vous ramène, il vous loge ; enfin que ne fera-t-il point ? Je ne songe qu’à fixer notre grande maison[2] ; jusque-là nous serons en l’air, et vous comprenez bien ce que ce sera pour moi de n’être pas logée avec vous ; mais il faudra prendre le temps comme la Providence l’ordonne. Dans votre loisir, occupez-vous de votre santé ; détournez-vous de la triste pensée de la mort de cet enfant ; c’est un dragon, quand on y pense trop ; vous dites si bien, il faut faire[3] l’honneur au christianisme de ne pas pleurer le bonheur de ces petits anges. La santé du Cardinal n’est pas mauvaise présentement ; quelquefois sa goutte fait peur : il semble qu’elle veuille remonter. J’ai une si grande amitié pour lui[4] que je serois inconsolable que vous voulussiez lui faire le mal de lui refuser la vôtre[5] : ne croyez pas que ce soit une chose indifférente pour lui. Adieu, ma très-chère enfant.

  1. 23. Les trois phrases qui suivent, jusqu’à : « Dans votre loisir », ne se lisent pas dans l’édition de 1734.
  2. 24.Sans doute l’hôtel de Carnavalet. Voyez la lettre du 7 octobre suivant.
  3. 25. « Vous dites si bien qu’il faut faire, etc. » (Édition de 1754.)
  4. 26. « Pour cette bonne Éminence. » (Ibidem)
  5. 27. «  Que vous voulussiez lui refuser la vôtre. » (Ibidem.)