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Monsieur est à Paris, et de revenir à la cour quand il y revient, on feroit mieux au contraire d’être à Paris avec Monsieur, et de s’en aller à la campagne quand il revient à Versailles.

Mme de Coulanges ne va plus à Lyon ; sa sœur y va. Voilà la bonne Marbeuf qui vient me dire adieu : elle vous fait mille et mille amitiés. Mon fils va souvent dans l’île ; on lui fait fort bonne mine. Si vous étiez heureuse de votre côté, tout cela se rencontreroit fort juste[1]. Adieu, ma très-chère enfant : j’attends avec grande impatience des nouvelles de votre santé et de tout ce qui se passe à Grignan. Le petit me tient au cœur. Croyez nos conseils sur la timidité de l’aîné : si vous le tracassez, vous le déconcerterez au point qu’il n’en reviendra jamais ; cela est d’une grande conséquence ; il faut donner du courage, et observer de ne point le rabaisser[2]. Monsieur le Duc me pria hier de vous faire ses compliments, et de vous dire que c’est par son ordre que vous avez trouvé les chemins si maudits, mais qu’à votre retour vous les trouverez couverts de fleurs. Je suis à vous, ma fille, et je vous aime d’une tendresse dont je n’ai jamais vu de si bonne[3]; vous y répondez d’une manière à ne me pas guérir ; mais si vous aimez ma santé, songez à la vôtre, et observez ce que fait l’air de Grignan : si ce n’est pas du mieux, c’est du mal.

  1. 3. Cette phrase manque dans l’édition de 1734.
  2. 4. Le texte de 1754 n’a pas ce dernier membre de phrase.
  3. 5. C’est le texte de 1734 ; on lit dans l’édition de 1754 : « d’une tendresse qui n’est pas commune. »