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d’imagination, que je n’y reconnois point le style de la province.

On a donné Alby à Monsieur de Mende[1]  ; mais il y a douze mille francs de pension : trois mille au chevalier de Nogent, trois mille à Monsieur d’Agen notre ami[2], et six mille à Monsieur de Nevers, je ne vois pas bien pourquoi, si ce n’est pour une augmentation de violons dont il se divertit tous les soirs. Ah ! que je suis aise que vous ayez achevé ces Vizirs ! N’est-il pas vrai que vous aimez le dernier ? Il faut avouer que cette petite histoire n’est point bien écrite du tout mais les événements se laissent fort bien lire.

Il me semble que cette reine de Pologne[3] ne vient

  1. 4. Hyacinthe Serroni, évêque de Mende (de 1661 à 1676), fut le premier archevêque d’Alby (jusqu’au 7 janvier 1687). Il étoit religieux de l’ordre de Saint-Dominique lorsqu’il passa d’Italie en France avec Michel Mazarin, cardinal et archevêque d’Aix, lequel avoit été religieux et général de ce même ordre. (Note de Perrin, 1754.)
  2. 5. Claude Joly : voyez tome II, p. 53, note 4. — L’évêque de Nevers, de 1667 à 1705, fut Édouard Valot.
  3. 6. Voyez la lettre du 24 juillet précédent, tome IV, p. 541. — « La reine de Pologne ne fut pas à beaucoup près si Françoise que son mari. Transportée de se voir une couronne sur la tête, elle eut une passion ardente de la venir montrer en son pays, d’où elle étoit partie si petite particulière… Il n’y avoit… nul obstacle à ce voyage qui fut prétexté des eaux de Bourbon. Tout annoncé, tout préparé, elle fut avertie que la Reine ne lui donneroit point la main, chose qu’il étoit étrange qu’elle pût ignorer. Marie de Gonzague, mariée à Paris par procureur en présence de toute la cour, ne l’avoit ni eue ni prétendue, et plus nouvellement le roi Casimir, qui a passé les dernières années de sa singulière vie en France. Les rois ne l’avoient pas anciennement chez les nôtres, et les électifs n’y ont songé en aucun temps. Le dépit en fut néanmoins aussi grand que si elle eût reçu un affront. Elle rompit son voyage, se lia avec la cour de Vienne et tous les ennemis de la France, eut grande part à la ligue d’Augsbourg contre elle, et mit tout son crédit qui étoit grand sur le Roi son mari, à lui faire épouser depuis tous les intérêts contraires à la France. » (Saint-Simon, tome VI, p. 71 et 72.)