1677 fille, et croyez que pour l’amour de vous, je ferai tout ce que l’on m’ordonnera. Vous allez donc, cherchant toujours mes lettres, jusques à Grignan. Je vous crois ce soir à Valence : si j’ai compté juste, vous aurez eu mes lettres de Lyon. J’ai vu de quelle sorte vous me recommandez à M. de la Garde ; il en fait très-bien son devoir, parce qu’il sait que vous m’aimez, et que c’est vous faire plaisir : vous m’en faites beaucoup à moi. Je ne puis être longtemps sans quelque Grignan ; je les cherche, je les veux, j’en ai besoin. Ils vous disent toutes les nouvelles. La belle Isis[1] est au Bouchet[2] : le repos de la solitude lui plaît davantage que la cour ou Paris. Elle passa une nuit dans les champs, en faisant ce petit voyage, par un carrosse rompu, et tout ce qui arrive quand on est en malheur. Le petit garçon[3] vous répondra sur ma santé ; vraiment, ma chère enfant, il a bien d’autres affaires qu’à me mitonner : rien n’est si occupé qu’un homme qui n’est point amoureux ; il représente en cinq ou six endroits, quel martyre ! Ne me grondez point d’avoir écrit une lettre si longue : ce n’est pas l’ouvrage d’un soir, ma chère fille ; que puis-je faire qui me touche davantage ? Mme de la Fayette se porte mieux. Mme de Schomberg vous dit cent mille amitiés.
- ↑ 18. Mme de Ludres. Voyez ci-dessus, p. 170, note 3 ; voyez aussi la lettre du 19 juillet suivant, p. 224, et la note 11.
- ↑ 19. La terre du Bouchet (à trois lieues et demie de Corbeil) appartenait à la maréchale de Clérembaut, gouvernante des enfants de Monsieur. (Note de l’édition de 1818.) — Nous croyons que Mme de Ludres était non chez la maréchale de Clérembaut, à qui on donnait toujours ce titre, mais chez la cousine de Bussy, la marquise de Clérembault, veuve du comte du Plessis. Voyez tome III, p.182, note 14, et la Correspondance de Bussy, tome III, p. 333 et 381. Le château du Bouchet appartint à Henri du Plessis Guénégaud (mort en mars 1676), oncle de la marquise de Clérembault, et appartenait peut-être encore à sa veuve.
- ↑ 20. Charles de Sévigné.
