Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vichy pour cette année ils ne trouvent pas que cette dose de chaleur, si près l’une de l’autre, fût une bonne et prudente conduite. Pour l’année qui vient, c’est une autre affaire, nous verrons mais quoi que dise notre d’Hacqueville on n’oseroit entreprendre ce voyage contre l’avis des mêmes médecins qui m’y avoient si bien envoyée : je n’ai nulle opiniâtreté, et je me laisse conduire avec une docilité que je n’avois pas avant que d’avoir été malade. Vous me trouverez, ma fille, en état de vous donner de la joie : ce qui me reste d’incommodité est si peu de chose que cela ne mérite ni votre attention, ni votre inquiétude.

D’Hacqueville doit parler encore à M. de Pompone, et discourir à fond sur vos affaires : il vous en écrira, et vous enverra aussi l’expédition de vos lods et ventes, que Parère me promit hier très-positivement. Je vous écris ceci avant que d’aller à Livry, où je serai demain matin, et où j’achèverai cette lettre.

Je voudrois que vous vissiez de quelle façon vous m’avez écrit de la taille du pichon[1] ; je suis fort aise que ce soit une exagération causée par votre crainte ; à la fin il se trouvera que c’est un fort joli petit garçon qui a bien de l’esprit ; et voilà sur quoi vous me faites consulter les matrones. Rien en vérité n’est plus plaisant que ce que vous dites de la Si…[2] ; quelle tête ! ose-t-elle se montrer devant la vôtre ? Ce que disent les dames de Grenoble est si plaisant et si juste, que je crois que c’est vous qui l’avez dit pour elles. Je trouve à cette folie tant

    lettre est ainsi datée dans l’édition de 1754 ; dans celle de 1734, on lit en tête ici : À Paris, lundi 10 août ; et plus loin avant les mots : « On me mande de Paris, etc. » (p. 16) : À Livry, mercredi 12 août.

  1. 2. Dans l’édition de 1734 : " du petit marquis. »
  2. 3. S’agirait-il de Mme de Simiane ? Voyez la lettre du 8 mai précédent, tome IV, p. 441.