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notre cardinal et de ses dignes occupations. M. de Grignan sera bien aise de voir cette conduite. Vous aurez trouvé de mes lettres à Lyon. J’ai vu le Coadjuteur : je ne le trouve changé en rien du tout ; nous parlâmes fort de vous : il me conta la folie de vos bains, et comme vous craigniez d’engraisser ; la punition de Dieu est visible sur vous ; après six enfants, que pouviez-vous craindre ? Il ne faut plus rire de Mme de Bagnols après une telle vision. J’ai été à Saint-Maur avec Mme de Saint-Géran et d’Hacqueville : vous fûtes célébrée ; Mme de la Fayette vous fait mille amitiés.

Monsieur et Madame sont à une de leurs terres, et iront encore à une autre[1] tout leur train est avec eux. Le Roi ira les voir ; mais je crois qu’il aura son train aussi. La dureté[2] ne s’est point démentie : trouvera-t-on encore des dupes sur la surface de la terre ?

On attend les nouvelles d’une bataille à sept lieues de Commercy[3] : M. de Lorraine voudroit bien la gagner au milieu de son pays, à la vue de ses villes ; M. de Créquy voudroit bien ne la pas perdre, par la raison qu’une et

  1. 2. « Le 16 de ce mois, dit la Gazette du 19 juin, Leurs Majestés et Monseigneur le Dauphin allèrent visiter à Saint-Cloud Leurs Altesses Royales qui leur firent une collation magnifique. » Plus tard, dans son numéro du 10 juillet, la Gazette annonce que Monsieur et Madame sont partis le 8 pour Villers-Cotterets.
  2. 3. Envers Mme de Ludres. Voyez tome II, p. 135 et 136, note 5.
  3. 4. Le duc de Lorraine, qui avait envahi l’Alsace, venait de pénétrer dans la vallée de la Sarre et marchait sur Nancv. Le maréchal de Créquy avait pris position à Vic sur la Seille ; le duc de Lorraine parvint cependant à franchir cette rivière, mais pour retrouver encore le maréchal, adossé cette fois aux bois de Morville, et gardé, du côté de la Moselle, par un gros corps à Pont-à-Mousson. « Le 15 juin les Impériaux s’avancèrent jusqu’au pied des hauteurs occupées par les Français ; » une bataille semblait imminente ; le duc n’osa la risquer et se replia vers Trèves. Voyez l'Histoire de Louvois par M. Rousset, tome II, p. 323 et suivantes.