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jours l’expédition de ces lods et ventes ; c’est un plaisant ami ; il me bredouilla l’autre jour mille protestations ; je croyois cette affaire faite, et je ne tiens encore rien.

J’ai vu ce que l’on mande au bel abbé sur cette réconciliation du père et du fils ; cela est écrit fort plaisamment. Cette retraite dans le milieu de l’archevêché, et cette Thébaïde dans la rue Saint-Honoré, m’a extrêmement réjouie[1]. Les retraites ne réussissent pas toujours ; il faut les faire sans les dire ; mais on a promis au bel abbé de lui conter le sujet de cette belle réconciliation dont je suis si édifiée. Je vous prie, ma fille, que ce soit par vous que je l’apprenne.

On attend des nouvelles d’Allemagne avec trémeur[2] ; il doit y avoir eu un grand combat. Je m’en vais cependant à Livry : qui m’aimera me suivra. Corbinelli m’a promis de me venir apprendre à voir jouer[3], comme je vous disois l’autre jour : cela me divertit.

Adieu, ma très-chèrement aimée si j’avois autant de mérite sur toutes choses que j’en ai sur cela, il me faudroit adorer.


567. DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Commencée à Paris le 11e, et finie à Livry mercredi 12e août.[4]

Le vieux de l’Orme, Bourdelot et Vesou me défendent

  1. 12. « M’ont extrêmement réjouie, » (Édition de 1754.)
  2. 13. Vieux mot signifiant crainte, tremblement. Il se trouve dans le Dictionnaire de Nicot (1606), et y est traduit par les termes latins tremor, timor.
  3. 14. Voyez la lettre du 8 juillet précédent, tome IV, p. 522.
  4. Lettre 567 (revue en partie sur une ancienne copie). 1. La