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1677 Nous attendons le Roi[1], et les beautés sont alertes pour voir de quel côté il tournera[2] : ce retour-là est assez digne d’être observé. Je vous fais les très-humbles baise-mains de M. et de Mme de Grignan, de notre bon abbé et de mon fils ; ne savez-vous pas qu’il a traité de la sous-lieutenance des gendarmes de Monsieur le Dauphin avec la Fare, pour douze mille écus et son enseigne[3] ? Cette charge est fort jolie : elle nous revient à quarante mille écus ; elle vaut l’intérêt de l’argent. Il se trouvera à la tête de la compagnie, M. de la Trousse étant lieutenant général. Monsieur le Dauphin devient tous les jours plus considérable. La paix rendra cette charge encore plus belle que la guerre. Si je vous avois déjà dit tout ceci, comme je m’en doute, il ne vous nuira de rien de l’entendre encore une fois.

  1. 7. On lit dans la Gazette du 5 juin : « Le Roi arriva à deux heures, lundi dernier jour de mai, à Versailles. La Reine, Monseigneur le Dauphin et Madame allèrent au-devant de Sa Majesté, qui dîna à Clichy. Monsieur alla à sa rencontre au Bourget.
  2. 8. « Il penchera. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)
  3. 9. « En ce temps-là ce général (M. de Luxembourg) ayant demandé que je fusse fait brigadier, attendu que plusieurs autres qui avoient moins de service que moi étoient déjà maréchaux de camp, il me fut répondu sèchement par Louvois que j’avois raison, mais que cela ne serviroit de rien. Cette réponse brutale et sincère du ministre alors tout-puissant, qui me haïssoit depuis longtemps, et à qui jamais je n’avais voulu faire ma cour, jointe au méchant état de mes affaires, à ma paresse, et à l’amour que j’avois pour une femme qui le méritoit, tout cela me fit prendre le parti de me défaire de ma charge de sous-lieutenant des gendarmes de Monseigneur le Dauphin, que j’avois presque toujours commandés depuis la création de ma compagnie, et je puis dire avec honneur. Je vendis donc cette charge, avec la permission du Roi, quatre-vingt-dix mille livres, au marquis de Sévigné, enseigne de la même compagnie. C’est ainsi que la haine de Louvois me fit quitter le service, parce que je m’imaginois que cet homme étoit immortel, » (Mémoires de la Fare, tome LXV, p. 231 et 232.)