Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1676

600. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Livry, mercredi 25e novembre.

Je me promène dans cette avenue ; je vois venir un courrier. Qui est-ce ? C’est Pomier : ah, vraiment ! voilà qui est admirable. « Et quand viendra ma fille ? — Madame, elle doit être partie présentement. — Venez donc que je vous embrasse. Et votre don de l’assemblée ? — Madame, il est accordé à huit cent mille francs[1]. Voilà qui est fort bien, notre pressoir est bon, il n’y a rien à craindre, il n’y a qu’à serrer, notre corde est bonne[2]. Enfin, j’ouvre votre lettre, et je vois un détail qui me ravit : je vois, ma fille, que vous partez[3]. Je ne vous dis rien sur la parfaite joie que j’en ai. Je vais demain à Paris avec mon fils : il n’y a plus de danger pour lui. J’écris un mot à M. de Pompone, pour lui présenter notre courrier. Vous êtes en chemin, ma très-chère ; voilà un temps admirable[4]. Je vous enverrai un carrosse où vous voudrez. Je vais renvoyer Pomier, afin qu’il aille ce soir à Versailles, c’est-à-dire à Saint-Germain. J’étrangle tout, car le temps presse. Je me porte fort bien ; je vous embrasse mille fois, et le frater aussi.

  1. Lettre 600. — 1. « Madame, il est accordé. — À combien ? — À huit cent mille francs. » (Édition de 1754.)
  2. 2. Voyez la lettre du 13 novembre précédent, p. 139.
  3. 3. « Je reconnois aisément les deux caractères, et je vois enfin que vous partez. » (Édition de 1754.)
  4. 4. « Vous êtes en chemin par un temps admirable, mais je crains la gelée. » (Ibidem.)