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1676 aussi que votre pension seroit bientôt payée. Tout cela me fit gaillarde, et je revins hier trouver mon fils, qui prit pour le moins la moitié de ma joie. Notre séjour ici sera fort court, et je m’en irai songer à vous bien recevoir et aller au-devant de vous. Je fais mille amitiés à vos deux conducteurs : mon Dieu, les honnêtes gens ! Je verrai M. le cardinal de Bouillon dès qu’il sera arrivé. Je crois que Vineuil[1] fera fort bien la vie du héros. Ce que vous dites du conclave, est admirable ; mais savez-vous bien que je ne trouve pas bien naturel[2] que notre cardinal ait passé assez près de-vous, qu’il ait pu vous voir, et qu’il ne l’ait pas fait ? Il vous a témoigné tant d’amitié, qu’il n’est pas aisé de comprendre qu’il ait eu plus d’envie de voir sa nièce de Sault que sa chère nièce : enfin, il ne l’a pas jugé à propos. Je souhaite que vous vous accommodiez mieux que moi de la pensée de ne le voir jamais ; je ne puis m’y accoutumer[3] ; je suis destinée à périr par les absences.

Vous ne me dites point où je dois adresser vos lettres : j’espère que vous ne recevrez point celle-ci à Lambesc.

On espère fort la paix, et je crois que vous pourrez obtenir le congé de M. de Grignan, s’il n’arrive rien de nouveau ; mais rien n’est certain de ce qui le regarde.

  1. 3. Louis Ardier, seigneur de Vineuil. Voyez tome IV, p. 170, note 6. Il paraît qu’il avait entrepris d’écrire la vie de Turenne. Acheva-t-il ce travail ? Rien n’en a été imprimé.
  2. 4. « Que je ne comprends point trop. » (Édition de 1754.)
  3. 5. Ce membre de phrase n’est pas dans l’édition de 1754, qui ne donne pas non plus le petit alinéa suivant, ni trois lignes plus bas : « mais rien n’est certain de ce qui le regarde, » ni deux lignes plus loin encore : « vous devez lui donner tous les avis qu’on vous donne. » Enfin elle n’a pas la dernière phrase : « Adieu, ma très-chère, etc., » et modifie ainsi ce qui précède : « …qu’elle vous aime fort, et qu’elle meurt d’envie de faire quelque chose de bon avec vous. »