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vais demain à Livry passer encore cinq ou six jours avec votre frère, et puis je reviens ici, n’étant plus occupée que de votre retour et de tout ce qui en dépend. Ma très-chère bonne, je vous remercie de toute la joie que vous me donnez par l’espérance de votre prochain retour, et j’embrasse M. de Grignan de tout mon cœur.

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599. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CHARLES DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Livry, vendredi 20e novembre.

de madame de sévigné.

Un bonheur n’arrive jamais seul. J’avois reçu votre lettre du 10e, qui me plaisoit beaucoup ; je venois d’y faire réponse ; je reçus, une heure après, un billet du chevalier de Grignan, qui me manda de Saint-Germain que les ennemis du Baron se retiroient, et qu’au lieu de s’en aller clopin-clopant, comme il avoit résolu, au-devant de sa compagnie, il seroit en liberté de revenir dans cinq ou six jours, et qu’apparemment la Fare[1] seroit la colombe qui apporteroit le rameau d’olive[2]. Il me manda

    beaux discours le bonheur et les avantages que cette province reçoit tous les jours de la protection du Roi. » On peut lire ces deux discours dans l’Abrégé des délibérations de l’assemblée ; celui du comte de Grignan est court et assez insignifiant ; celui de l’intendant de Rouillé est un long galimatias, du plus beau style en effet, et où la Gazette dut remarquer le passage qui termine l’éloge du Roi : « Élevez-lui, Messieurs, des arcs de triomphe dans vos cœurs, etc. »

  1. Lettre 599. — 1. M. de la Fare étoit sous-lieutenant de la compagnie des gendarmes-Dauphin ; M. de Sévigné en étoit enseigne ; il acheta la charge du marquis de la Fare en juin 1677. (Note de Perrin, 1754.) Voyez la lettre du 19 mai 1677.
  2. 2. Dans l’édition de 1754 « le rameau d’olivier. »