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1676 roles et à tous vos devoirs. Pour moi, j’espère à M. de Grignan[1], et je suis persuadée que je lui devrai la décision d’une chose que je souhaite avec tant de passion.

Je revins ici lundi. Mon fils attend que ces troupes prennent un parti : on ne m’a point conseillé de demander son congé, de sorte qu’il est moine de cette abbaye. Il est fort aise que je lui tienne compagnie, et il prétend que la plus belle marque de son amitié, c’est l’envie qu’il a de me chasser pour vous aller recevoir.


de charles de sévigné.

Il n’y a que cette raison qui me fasse supporter le départ de ma chère maman mignonne. Vous connoîtrez bientôt par vous-même le plaisir qu’il y a de la revoir après quelque temps d’absence. Je suis encore dans les premiers transports de cette joie ; mais quand il est question d’aller recevoir la divinité de Provence, dont la beauté s’est cachée si longtemps à nos yeux, il faut céder :

Ce droit saint et sacré rompt tout autre lien.

J’espère aussi que mon exil ne durera pas longtemps. On nous fait espérer le retour des troupes[2] ; il seroit fort possible que j’arrivasse à Paris le même jour que vous. Adieu, mon adorable petite sœur, que j’aime avec toute la tendresse dont je suis capable[3], et que vous méritez. Je ne sais pourquoi vous me quittez du réciproque : il me semble que vous devriez être contente de ce que je sens pour vous.


  1. 2. « En M. de Grignan. » (Édition de 1754.)
  2. 3. « On ne doute presque plus du retour des troupes. » (Ibidem.)
  3. 4. Ce qui suit, jusqu’à la fin du paragraphe, ne se trouve que dans l’édition de 1734.