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qui est revenu apporter la nouvelle d’Aire[1] dit que le Baron a été partout, et qu’il étoit toujours à la tranchée, partout où il faisoit chaud, et où du moins il devoit faire de belles illuminations, si nos ennemis avaient du sang aux ongles[2] ; il l’a nommé au Roi au nombre de ceux qui font paraître beaucoup de bonne volonté.

Mme de Coetquen n’ira que dans un mois trouver Madame sa mère à Lorges[3]. Monsieur le Duc est fort gai, il chasse ; il va à Chantilly, à Liancourt ; enfin ils sont tous ravis de pouvoir faire leurs vendanges. M. de Nevers n’a aucune inquiétude de sa femme[4], parce qu’elle est d’un air naïf et modeste qui ne fait aucune frayeur ; il la regarde comme sa fille, et seroit le premier à la gronder si elle faisoit la moindre coquetterie ; elle est grosse et bien languissante. Ma nièce de Coligny est accouchée d’un fils[5] ; elle dit que ce lui sera une contenance que

tion. Tout son mérite était son attachement à M. de Louvois. Il étoit frère de Nogent, tué au passage du Rhin, maître de la garde-robe, beau-frère de M. de Lauzun, de Vaubrun tué lieutenant général au combat d’Altenheim… et de la princesse de Montauban. Leur père étoit capitaine de la porte, qui par son esprit s’étoit bien mis à la cour, et fort familièrement avec le cardinal Mazarin et la Reine mère. Leur nom étoit Bautrn, de la plus légère bourgeoisie de Tours. » (Saint-Simon, tome VI, p. 178 et 179.)

  1. 23. « La nouvelle de la prise d’Aire. » (Édition de 1754) — Perrin, dans cette même édition de 1754 supprime ce qui suit d’Aire, et continue ainsi « l’a nommé au Roi comme un de ceux, etc. »
  2. 24. « On dit qu’un homme a du sang aux ongles, pour dire qu’il sait bien se défendre en toutes manières, soit en paroles, soit en actions, qu’il a de la force et du courage. » (Dictionnaire de Furetière.)
  3. 25. Voyez la lettre du 22 juillet précédent, à Mme de Grignan, tome IV, p. 536, note 23.
  4. 26. Voyez les notes 3 et 5 de la lettre 119, tome II, p. 22.
  5. 27. Marie (François) Roger, dit le comte de Langhac ; il mourut à Avignon en 1746, ne laissant que des filles de son mariage avec Jeanne-Marie Palatine de Dio de Montpeyroux. (Note de l’édition de 1818.) On lui donna successivement les noms de d’Andelot, de comte de Dalet, et enfin de comte de Langhac.