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595. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE MADAME DE COULANGES À MADAME DE GRIGNAN.

À Livry, jeudi 5e novembre[1].

de madame de sévigné.

Voici[2] une lettre que je commence à Livry, après avoir reçu la vôtre du 28e octobre, et que j’achèverai vendredi à Paris, où je veux aller pour parler à M. Colbert, ou à Paris ou à Versailles : je verrai s’il me refusera cette pension. Mon fils demeurera encore ici, où je pourrai bien le revenir guérir, car je crois qu’il sera bientôt libre, soit par le retour de ces gendarmes, qui reviendront sans avoir vu aucuns ennemis, ou par un congé sur une douzaine.d’attestations que j’ai dans ma poche et qu’il a reçues de Charleville.

Mais vous, que puis-je espérer de mes décisions, où je me suis si bien expliquée ? avez-vous encore des scrupules à vaincre sur les bienséances ? Vous savez trop toutes choses pour ne pas voir qu’il n’y a pas moyen que cet endroit vous puisse servir d’une raison. Je vous laisse examiner les autres avec M. de Grignan, et je vous conjure de penser à la tendresse que j’ai pour vous, et à l’envie que j’ai de vous voir et de vous embrasser, fondée sur toutes les raisons et toutes les espérances du monde. Si M. de la Garde a un peu d’amitié pour moi, ne sauroit-il contribuer à me donner cette joie, puisqu’il veut venir à Paris ? J’avois résolu de ne vous plus parler, mais mon cœur en est plein il ne m’est pas possible de m’en em-

  1. Lettre 595 (revue sur une ancienne copie). — 1. Dans notre manuscrit, cette lettre est datée de Paris, 6e novembre ; dans les deux impressions de Perrin, de Livry, 6e novembre. Nous avons néanmoins adopté la date du 5, qui ressort avec évidence du contenu de la lettre.
  2. 2. Les deux premiers alinéas ne se trouvent que dans le manuscrit.