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1676 crois que nous serons le mieux du monde ensemble cet hiver : vous savez pourtant que je vous ai promis de n’oublier jamais votre cœur et votre âme[1] intéressée : à cela près, je penserai assez de bien de vous ; mais on m’en a dit d’assez grandes impertinences touchant vos irrésolutions[2] : nous vous en gronderons tout à loisir ; venez seulement voir ma très-chère bonne maman, qui se porte à merveilles, et qui est belle comme un ange. Si votre retour ne vous paroît pas nécessaire pour lui redonner sa santé, sachez qu’il l’est fort pour l’y maintenir, et l’un vaut bien l’autre.

Venez, reine des Dieux ;
Venez, venez, favorable Cybèle[3]

Vous nous paroîtrez bien descendue des cieux ; mais quoique vous veniez sans équipage, vous ne vous trouverez pas tombée des nues ; maman mignonne a pourvu à tout. Adieu, ma belle et aimable petite sœur : je fais mille compliments et mille amitiés à M. de Grignan.


de madame de sévigné.

Je suis une sotte ; j’ai offensé la géographie : vous ne passez point par Moulins, la Loire n’y va point. Je vous demande excuse[4] de mon impertinence ; mais venez m’en gronder et vous moquer de moi.

  1. 20. « Ni votre âme. » (Édition de 1754.)
  2. 21. « Malgré vos irrésolutions, dont on m’a dit d’assez grandes impertinences. (Ibidem.)
  3. 22. Ces deux vers sont répétés quatre fois dans la scène VII du Ier acte d’Atys, opéra de Quinault.
  4. 23. C’est le texte de l’édition de 1734 ; celle de 1754 porte : « Je vous demande pardon. »