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1676 soit peur, s’est retiré, et a peut-être plus de peur que nous. Voilà les nouvelles de notre abbaye. Nous voudrions[1] que je fusse obligée d’en partir, pour aller au devant de vous ; car vous êtes une pièce fort nécessaire à notre véritable joie. Je ne vous dirai plus rien sur votre départ : il me semble qu’il doit être résolu, ou jamais ; vous ne sauriez douter du desir que j’en ai. Je crois[2] que M. de Grignan est parti pour l’assemblée[3] ; ainsi, en bonne justice, vous devriez être en chemin ; j’aurois moins de regret que cette lettre fût perdue par cette raison, que ce gros paquet du 25e, que je regrette encore[4]. Si mon écriture est un peu chancelante, n’en soyez point en peine ; c’est que j’ai froid aux doigts. Adieu, ma très-chère : je laisse la plume à M. le Clopineux.

On disoit l’autre jour qu’on avoit jeté un monitoire[5] pour savoir où étoit l’armée de M. de Luxembourg ; et quand il partit, on dit que[6] le grand Condé disoit : « Ah, le beau poste ! ah, le joli commandement jusqu’au mois de juillet ! » On dit encore que M. de Luxembourg[7]a

  1. 10. « On voudroit bien. » (Édition de 1754.)
  2. 11. La fin de l’alinéa, à partir d’ici, manque dans les éditions de Rouen et de la Haye (1726).
  3. 12. Voyez la note 3 de la lettre du 9 octobre précédent, p. 98.
  4. 13. « Si cela étoit, j’aurois moins de regret que cette lettre-ci fût perdue que ce gros paquet du 25, dont je suis encore fâchée. » (Édition de 1754.)
  5. 14. On appelait proprement monitoires des lettres qui s’obtenaient des juges ecclésiastiques, en vertu de permissions des juges laïques, et qu’on publiait au prône des paroisses, pour obliger les fidèles de venir déposer des faits contenus dans ces lettres, sous peine d’excommunication. On disait fulminer, jeter un monitoire — Notre manuscrit porte trouvé’, au lieu de jeté.
  6. 15. Les mots : « on dit que », et plus loin : « Ah, le beau poste ! » manquent dans les éditions de Rouen et de la Haye (1726), où tout ce passage est défiguré.
  7. 16. Louvois, à bout de patience et las de ménagements, avait écrit