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néral a été encore un peu mortifié, en faisant escorter des convois ; il faut qu’il se rapproche de nous, pendant que ces brutaux d’Allemands, dès qu’il aura repassé le Rhin[1], se mettront autour de Brisach, comme ils firent l’année passée à Philisbourg : cela seroit assez impertinent. Il y a beaucoup de division dans cette armée, j’entends celle de M. de Luxembourg.

Je reçois un billet de d’Hacqueville, qui fut mercredi à Versailles pour voir faire et envoyer cette manière de règlement sur l’assemblée[2]. Il faut avouer que jamais il ne s’est vu un tel ami : quand on lui recommande quelque affaire, rien n’empêche de croire que c’est la seule qu’il ait, tant il s’en acquitte ponctuellement.


588. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Livry, mercredi 14e octobre.

Je vous remercie ma fille, de votre complaisance, et de l’amitié que vous me témoignez, en vous résolvant à partir[3] avant M. de Grignan. Je l’embrasse et je le remercie aussi du consentement qu’il y donne : je sais la pesanteur de votre absence, et je comprends ce qu’il souffrira ; mais c’est pour si peu de temps, qu’il a raison de ne me pas envier cette satisfaction : sa part est tou-

  1. La Gazette du 10 octobre annonce que le maréchal de Luxembourg a quitté son camp, qui était à trois heures au-dessous de Brisach, et qu’il est allé camper au-dessus de la même place. Dans le numéro suivant, il est dit, en date de Strasbourg, 8 octobre, qu’il a repassé le Rhin.
  2. 10. Voyez plus haut, p. 89, et plus bas, p. 105, 106 et 114.
  3. Lettre 588. — 1. Puisque vous êtes résolue de partir. » (Édition de 1754.)