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1675
et quand il rêve et rentre en lui-même, il la prend pour la cause de ce dernier malheur[1]. Un courtisan vouloit lui faire croire que ce n’étoit rien que ce qu’on avoit perdu ; il répondit qu’il haïssoit ces manières, et qu’en un mot c’étoit une défaite complète. On voulut excuser le maréchal de Créquy ; il convint que c’étoit un très-brave homme ; « mais ce qui est désagréable, dit-il, c’est que mes troupes ont été battues par des gens qui n’ont jamais joué qu’à la bassette. » Il est vrai que ce duc de Zell est jeune et joueur ; mais voilà un joli coup d’essai. Un autre courtisan voulut dire : « Mais pourquoi le maréchal de Créquy donnoit-il la bataille ? » Le Roi répondit, et se souvint d’un vieux conte du duc de Weimar[2], qu’il appliqua très-bien. Ce Weimar étoit en France, et un[3] vieux Parabère[4], cordon bleu, lui demanda, en parlant de la dernière bataille qu’il avoit perdue : « Monsieur, pourquoi la donniez-vous ? — Monsieur, lui répondit ce duc de Weimar, c’est que je croyois la gagner ; » et puis se tourna : « Qui est ce sot cordon bleu-là ? » Toute cette application est extrêmement plaisante. M. de Lorraine[5]
- ↑ LETTRE 432 (revue sur une ancienne copie). I. Voyez ci-dessus ; p. 48, le commencement de la lettre du 13 août, et, plus bas, p. 112, celle du 4 septembre suivant.
- ↑ Bernard de Saxe-Weimar, l’un des plus grands capitaines du commencement du dix-septième siècle, mort le 18 juillet 1639, à l’âge de trente-neuf ans. Il vint à Paris en 1636 et en 1637.
- ↑ Tel est le texte du manuscrit et de la seconde édition de Perrin (1754). Dans la première (1734), le chevalier avait ainsi allongé la phrase « Ce Weimar, après la mort du grand Gustave, commandoit les Suédois alliés de la France ; un vieux Parabère, etc. »
- ↑ Henri de Baudean, comte de Parabère, gouverneur du Poitou ; il mourut le 11 août 1653. (Note de l’édition de 1818.) Voyez la lettre (de Bussy) du 1er septembre suivant. Dans le manuscrit, il y a Parabelle, au lieu de Parabère.
- ↑ Charles IV, qui mourut cinq semaines après la victoire de son lieutenant à Conz-Saarbruck (le 17 septembre 1675).