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1676Vous avez contentement sur le salut de la Brinvilliers ; personne ne doute de la justice de Dieu, et je reprends avec grand regret l’opinion de l’éternité des peines.

Je viens de causer avec d’Hacqueville. Le Roi prie très-instamment notre cardinal d’aller à Rome : on vient de lui dépêcher un courrier ; ils iront tous par terre, parce que le Roi n’a point de galères à leur donner : ainsi vous ne verrez point cette chère Éminence. Nous sommes en peine de sa santé, et nous nous fions à sa prudence pour accommoder le langage du Saint-Esprit avec le service du Roi. Nous parlerons plus d’une fois de ce voyage.

Il est vrai que Mme de Schomberg[1] vous aime, vous estime, et vous trouve fort au-dessus des autres : ce sera à vous cet hiver à ne pas détruire ; mais elle n’est pas contente de M. de Grignan, qu’elle a toujours aimé tendrement à cause qu’il est aimable et que son amie l’adoroit. Elle croyoit que, la sachant si près de Provence, il devoit faire quatre ou cinq lieues pour la voir, et lui offrir toutes les retraites qui étoient en son pouvoir, et qu’elle n’auroit pas acceptées. Cette plainte est amoureuse.

Écoutez-moi, ma belle : lorsque le gouverneur de Maestricht[2] fit cette belle sortie, le prince d’Orange courut

  1. La jeune maréchale de Schomberg (voyez tome II, p.197, note 3), qui avait été amie de la première Mme de Grignan. Voyez à l’Appendice de Mme de Sablé, p. 434 et suivantes, les lettres de Mlle d’Aumale publiées par M. Cousin.
  2. M. de Calvo commandoit à Maestricht pendant le siège, en l’absence du maréchal d’Estrades, qui en étoit gouverneur. (Note de Perrin.) — Le comte d’Estrades venait d’être subitement envoyé à Nimègue, pour prendre part aux négociations du congrès. « Mais, dit M. Rousset (tome II, p. 233), il avait laissé dans Maestricht une forte garnison, et, pour la commander, un officier d’une énergie indomptable, le comte de Calvo. »