1676Mme de Louvois, Mme de Villars, et la maréchale d’Estrées[1]. J’ai vu le grand maître[2], qui croit s’en retourner lundi, quand même le Roi ne partiroit pas ; car si Maestricht est assiégé, comme on le dit, il ne veut pas manquer cette occasion, dit-il, de faire quelque chose. Il est sur cela comme un petit garçon ; et au lieu de ne plus servir, comme le Roi le croyoit, ayant fait les autres maréchaux de France, il s’amuse à le vouloir mériter par les formes, comme un cadet de Gascogne. Mais ce n’est point cela que je veux dire ; le sujet m’a portée plus loin que je ne voulois : c’est qu’il est donc vrai que le Roi croit partir ; il a été longtemps enfermé avec M. de Louvois. Monsieur le Prince attendoit les nouvelles de cette conférence. Tous les courtisans sont au désespoir, et ne savent où retrouver de l’argent et de l’équipage ; la plupart ont vendu leurs chevaux : tout est en émotion[3]. Les bourgeois de Paris disent qu’on enverra Monsieur le Prince, et que le Roi ne prendra point la peine de retourner. Le détachement qu’on envoyoit à l’armée du maréchal de Créquy s’en retourne en Flandre[4]. Enfin je ne puis vous dire ce soir, ni personne, le dénouement de cette émotion. L’ami de Quanto arriva un quart d’heure avant Quanto ; et comme il causoit eu famille, on le vint avertir de l’arrivée : il courut avec un grand empressement, et fut longtemps avec elle. Hier il fut à la promenade que je vous ai dite, mais en tiers avec Quanto et son amie[5] : nulle autre personne n’y fut admise, et la
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