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1676naturellement, et dans une justesse surprenante, vous divertiroit assurément[1]. Je m’en vais penser à ma lettre pour M. de la Garde.

Adieu, ma très-chère et trop aimable, je vous embrasse tendrement. Je pars demain d’ici ; je m’en vais me purger et me reposer un peu chez Bayard, et puis à Moulins, et puis m’éloigner toujours de ce que j’aime passionnément, jusqu’à ce que vous fassiez les pas nécessaires pour redonner la joie et la santé à mon cœur et à mon corps, qui prennent beaucoup de part, comme vous savez, à ce qui touche l’un ou l’autre.

Parlez-moi de vos balcons, de votre terrasse, du meuble de ma chambre, et enfin toujours de vous : ce vous m’est plus cher que mon moi, et cela revient toujours à la même chose.


548. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
À Langlar, chez M. l’abbé Bayard, lundi 15e juin.

Je vins ici samedi, comme je vous l’avois mandé. Je me purgeai hier pour m’acquitter du cérémonial de Vichy, comme vous vous acquittiez l’autre jour des compliments de Provence à vos dames de carton. Je me porte fort bien : le chaud achèvera mes mains ; je jouis avec plaisir et modération de la bride qu’on m’a mise sur le cou ; je me promène un peu tard ; je reprends mon heure de coucher ;

  1. Tel est le texte du manuscrit : la phrase commence par je vous assure et finit par assurément. Nous ne nous permettons d’effacer aucune de ces preuves d’abandon et de négligente aisance qui se rencontrent çà et là, et qui, si elles témoignent d’une hâte parfois excessive, relèvent en même temps le charme et tout le prix de ces lettres, en excluant toute idée de recherche et d’apprêt.