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1676triomphante que celle-ci : tout est comme soumis à son empire ; toutes les femmes de chambre de sa voisine sont à elle ; l’une lui tient le pot à pâte à genoux devant elle, l’autre lui apporte ses gants, l’autre l’endort ; elle ne salue personne, et je crois que dans son cœur elle rit bien de cette servitude. On ne peut rien juger présentement de ce qui se passe entre son amie et elle.

On est ici fort occupé de la Brinvilliers. Caumartin[1] a dit une grande folie sur ce bâton dont elle avoit voulu se tuer sans le pouvoir : « C’est, dit-il, comme Mithridate. » Vous savez de quelle sorte il s’étoit accoutumé au poison ; il n’est pas besoin de vous conduire plus loin dans cette application. Celle que vous faites de ma main à qui je dis :

Allons, allons, la plainte est vaine,


m’a fait rire ; car il est vrai que le dialogue est complet ; elle me dit :

Ah ! quelle rigueur inhumaine ! —
Allons, achevez mes écrits,
Je me venge de tous mes cris. —
Quoi, vous serez inexorable ?


Et je coupe court, en lui disant :

Cruelle, vous m’avez appris
À devenir impitoyable[2]

  1. Voyez tome I, p. 520, note 4.
  2. C’est une parodie du dialogue entre Alceste et Lycomède qui commence la scène ii du IIe acte de l’Alceste de Quinault, pièce représentée pour la première fois, comme nous l’avons dit, le 2 janvier 1674. Mme de Sévigné n’a changé que les vers 3 et 4, qui sont ainsi dans l’opéra :
    Allons, je suis sourd à vos cris,
    Je me venge de vos mépris.