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1676assez braves gens pour vous rassurer. Ce sont des enfances ; et en croissant, au lieu de craindre les loups-garous, ils craignent le blâme, ils craignent de n’être pas estimés autant que les autres ; et c’est assez pour les rendre braves et pour les faire tuer mille fois : ne vous impatientez donc point[1]. Pour sa taille, c’est une autre affaire ; on vous conseille de lui donner des chausses pour voir plus clair à ses jambes ; il faut savoir si ce côté plus petit ne prend point de nourriture ; il faut qu’il agisse et qu’il se dénoue ; il faut lui mettre un petit corps un peu dur qui lui tienne la taille : on me doit envoyer des instructions que je vous enverrai[2]. Ce seroit une belle chose qu’il y eût un Grignan qui n’eût pas la taille belle : vous souvient-il comme il étoit joli dans ce maillot ? Je ne suis pas moins en peine que vous de ce changement.

J’avois rêvé en vous disant que Mme de Thianges étoit allée conduire sa sœur : il n’y a eu que la maréchale de Rochefort et la marquise de la Vallière[3] qui ont été jusqu’à Essonne. Elle est toute seule, et même elle ne trouvera personne à Nevers. Si elle avoit voulu mener tout ce qu’il y a de dames à la cour, elle auroit pu choisir. Mais parlons de l’amie[4] ; elle est encore plus

  1. « Ne vous impatientez donc pas à cet égard. » (Édition de 1754.)
  2. « On me doit encore envoyer des instructions là-dessus. » (Ibidem.)
  3. Gabrielle Glée de la Cotardaye, dame du palais de la Reine ; elle était femme de Jean-François de la Baume le Blanc, marquis de la Vallière, frère de Mme de la Vallière, gouverneur et grand sénéchal de la province de Bourbonnais, capitaine commandant les chevau-légers du Dauphin, maréchal de camp, qui mourut le 13 octobre 1676. — Sur Mme de Rochefort, voyez tome II, p. 37, note 1.
  4. Mme de Maintenon. — Dans la première édition de Perrin (1734), on lit Quanto va (Mme de Montespan), ce qui n’a point de sens après ce qui précède.