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jours : puisque cela ne vous déplaît pas, et que cela me fait plaisir, quel mal y auroit-il ? Adieu encore, ma très-chère belle, croyez-moi bien véritablement et uniquement à vous. J’embrasse et je baise M. de Grignan, c’est à lui à qui j’envoie l’opéra.


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426. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
À Paris, vendredi 9e août.

Comme je ne vous écrivis qu’un petit billet mercredi[1], j’oubliai plusieurs choses à vous dire. M. Boucherat me manda lundi au soir que le Coadjuteur avoit fait merveilles à une conférence à Saint-Germain, pour les affaires du clergé[2]. Monsieur de Condom et Monsieur d’Agen me dirent la même chose à Versailles. Je me suis persuadé qu’il fera aussi bien à sa harangue au Roi : ainsi il faudra toujours le louer.

Voilà donc, ma chère bonne, nos pauvres amis qui ont repassé le Rhin fort heureusement, fort à loisir, et après avoir battu les ennemis : c’est une gloire bien complète pour M. de Lorges. Nous avions tous bien envie que le Roi lui envoyât le bâton après une si belle action, et si utile, dont il a seul tout l’honneur. Il a eu un coup de canon dans le ventre de son cheval, et qui lui passa entre les jambes : il étoit à cheval sur un coup de canon ; la Providence avoit bien donné sa commission à celui-là, aussi bien qu’aux autres. Nous n’avons perdu que Vaubrun, et

  1. LETTRE 426 (revue sur une ancienne copie). — Voyez p. 13-30, la longue lettre écrite le mercredi 7 août.
  2. À une conférence tenue le lundi 5 août entre les commissaires de la religion (comme on les appelait) et les commissaires du conseil ; un de ceux-ci était Colbert.