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1676prie, quand vous aurez fini Josèphe, de vouloir bien essayer un ancien traité des Morales[1] de Plutarque, dont le titre est : Comme on peut discerner l’ami d’avec le flatteur. Je l’ai relu cette année, et j’en ai été plus touché que la première fois.

Mandez-moi si la question que vous faites des gens qui évaporent leur bile en discours impétueux, ou de ceux qui la gardent sous de beaux semblants, regarde Mme de la Fayette : nous n’en savons rien, parce que nous ne savons peut-être pas tout ce que vous savez. Elle nous fait une critique de l’oraison funèbre de Monsieur de Tulle contre laquelle je me révolte, parce que je trouve cette oraison très-belle. Elle en fait de même des Essais de morale : je me révolte un peu moins sur cet article. Elle dit beaucoup de mal des vers du nouvel opéra[2], et j’y consens volontiers sans les voir. Adieu, ma belle petite sœur.

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492. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CHARLES
DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
Aux Rochers, vendredi 17e janvier.
de madame de sévigné.

À force de me parler d’un torticolis, vous me l’avez donné. Je ne puis remuer le côté droit : ce sont, ma chère enfant, de ces petits maux que personne ne plaint, quoi

  1. Des Œuvres morales : c’est sous ce titre qu’elles ont été translatées par Amyot.
  2. L’opéra d’Atys, dont les paroles sont de Quinault et la musique de Lulli, avait été représenté à Saint-Germain devant le Roi le 10 janvier 1676. La première édition est un in-4o de soixante-dix pages (Paris, C. Ballard, 1676).